Genèse d’une pratique drone
Projets personnels retraçant les débuts, l’évolution et l’arrêt d’une pratique drone, à travers trois films marquant des étapes clés de maîtrise technique et narrative.
2014 — Premier vol
À l’issue d’un week-end sans conditions météo favorables, une éclaircie en fin de journée sur la plage du Havre offre l’opportunité d’un premier vol d’essai.
Le dispositif est rudimentaire : une nacelle stabilisée sur deux axes, une GoPro déclenchée au décollage, sans aucun retour vidéo en temps réel.
Après une courte phase de prise en main, la stabilité du système GPS permet d’envisager les premiers mouvements de caméra. Des travellings simples sont tentés, en suivant la ligne de marée et des silhouettes, avec un cadrage entièrement intuitif.
La découverte des images le soir même confirme le potentiel du médium et donne naissance à un premier montage.
Ce film marque le point de départ d’une démarche de professionnalisation de la prise de vues aérienne, concrétisée dès la semaine suivante par l’inscription à l’examen théorique de pilote ULM, première étape vers l’homologation DGAC.
The last man on LH
Le lendemain matin, dès 7h00, retour sur la plage du Havre à marée basse.
Le site est désert, baigné par les premières lumières de l’aube.
Fort de l’expérience du premier vol et du montage réalisé la veille, la captation gagne en sérénité. Les trajectoires sont enchaînées avec davantage de maîtrise, malgré l’absence de retour vidéo. Les images sont désormais anticipées, le cadrage pensé avant le vol.
La qualité de la lumière offre l’opportunité d’explorer pour la première fois l’étalonnage sous DaVinci Resolve, marquant une nouvelle étape dans la compréhension de la chaîne de production image.
2014–2015 — Structuration et maîtrise
Six mois plus tard, le brevet théorique de pilote ULM en poche, un système de retransmission vidéo au sol est conçu et assemblé sur mesure. À cette époque, aucune solution prête à voler n’existe. Chaque élément du dispositif doit être pensé, testé et validé.
Le drone est homologué auprès de la DGAC et l’activité de télépilote officiellement déclarée. Les premiers vols s’effectuent sur des sites ne nécessitant pas d’autorisations spécifiques, notamment sur la plage de Saint-Martin-de-Bréhal, terrain idéal pour apprendre à piloter et cadrer simultanément, avec un œil sur l’aéronef et l’autre sur le moniteur.
En 2015, l’arrivée des premiers drones DJI intégrant caméra et retour vidéo sur tablette marque un tournant décisif.
La prise de vues devient pleinement maîtrisée, ouvrant la voie à des productions en milieu urbain et sur des sites sensibles, sous autorisations strictes : zones industrielles, portuaires, sites classés et événements réglementés.
Si le drone a longtemps représenté un outil d’exploration et d’innovation, l’évolution du marché et l’arrivée d’une concurrence devenue déloyale ont profondément modifié les conditions d’exercice du métier.
Plutôt que de poursuivre une pratique dévalorisée, le choix a été fait de recentrer l’expertise là où elle fait la différence : la narration, le montage et la maîtrise de l’image en mouvement.
Cette période a été déterminante. Elle a renforcé une compréhension globale de la chaîne de production et a durablement nourri les approches actuelles en captation, montage et motion design.
Le drone n’a jamais été une finalité, mais un accélérateur de regard.